Accompagner autrement : une pratique éducative sur-mesure, ancrée dans le quotidien
Trop souvent, l’accompagnement éducatif est réduit à des protocoles figés, des outils standardisés, des grilles d’évaluation. Cette logique de normalisation, d’aseptisation des pratiques, je l’ai vécue de l’intérieur. C’est ce qui m’a amenée, en toute sérénité et en bons termes avec mes responsables, à quitter le salariat. Non pas par rejet des institutions ou des équipes, mais par désir de retrouver une liberté d’action, une souplesse d’intervention, une fidélité à mes valeurs professionnelles.
En choisissant d’exercer en libéral, j’ai fait le choix d’une liberté au service d’une éthique de terrain. Dans ma pratique, je propose une approche radicalement différente : une présence ajustée, souple, qui s’inscrit dans le réel de la personne, de sa famille, de son environnement. Ici, pas de recette miracle, mais un travail de terrain, au plus près des enjeux du quotidien. Une posture qui ressemble à celle d’une balise : ni guide autoritaire, ni spectatrice passive, mais repère stable dans un environnement mouvant.
Observer pour comprendre : une présence active dans les lieux de vie
Mon accompagnement commence souvent par une observation silencieuse. Non pas pour juger ou diagnostiquer, mais pour capter ce qui ne se dit pas, ce qui se joue dans les gestes, les regards, les rythmes. Je m’immerge dans les lieux de vie — domicile, école, espace public — là où les difficultés se manifestent concrètement. C’est dans ces contextes que les comportements prennent sens, que les tensions émergent, que les ressources se révèlent.
Je ne viens pas avec une solution toute faite. Je viens avec une disponibilité, une capacité à me laisser surprendre, à ajuster ma posture. Être éducatrice spécialisée en libéral, c’est accepter de ne pas tout maîtriser, mais de rester présente, attentive, prête à intervenir avec justesse.
Co-construire avec l’autre : une pratique vivante et évolutive
Chaque accompagnement est une rencontre. Il s’invente avec l’autre, dans le respect de son rythme, de ses choix, de ses résistances. Je ne cherche pas à faire entrer les personnes dans un cadre, je cherche à élargir le leur. À partir de ce qu’elles sont, de ce qu’elles vivent, de ce qu’elles souhaitent.
Mon rôle n’est pas de diriger, mais d’être cette balise : un repère stable, visible, rassurant, qui permet à l’autre de se situer, de s’orienter, de tester des chemins. Je
valorise les micro-avancées, les essais, les erreurs, les réajustements. Car c’est dans ces mouvements que se construit l’autonomie, la confiance, la capacité à faire des choix.
Émanciper plutôt que normaliser : une posture éthique et engagée
Je refuse les injonctions à la performance, à la conformité, à la « normalité ». Mon accompagnement ne vise pas à corriger un comportement, mais à permettre à la personne de trouver sa place, à sa manière. Il s’agit d’ouvrir des possibles, pas d’imposer des trajectoires.
Être éducatrice spécialisée, pour moi, c’est défendre une éducation inclusive, bienveillante, respectueuse des singularités. C’est reconnaître que chaque personne
a sa propre logique, ses propres repères, ses propres besoins. Et que notre rôle est d’accompagner cette exploration, pas de la contraindre.
Conclusion : une pratique libre, humaine, profondément ancrée
Mon accompagnement éducatif est un artisanat du lien. Il se tisse dans la durée, dans la confiance, dans l’imprévu. Il ne se vend pas en kit, il se vit. Et c’est cette
singularité que je défends : une pratique libre, engagée, profondément humaine. Une pratique qui fait de moi une balise : stable mais souple, présente mais discrète, toujours là pour permettre à l’autre de naviguer sa propre route.